Agents commerciaux ou négociateurs salariés. Quel statut pour les agents immobiliers de demain ? Lequel est le plus protecteur, le plus rémunérateur ? Ont-ils un impact pour les vendeurs et les acquéreurs d'un bien immobilier ?
A l'heure de "l'ubérisation" , le secteur de l'immobilier ne fait pas exception à la tendance. Un pourcentage toujours croissant de conseillers immobiliers sont recrutés sous le statut d'agents commerciaux. A l'instar des chauffeurs Uber, des livreurs de toute sorte, ce "contrat" payable à la tâche (ou à l'atteinte de l'objectif) est, sur le papier, socialement bien moins attractif et sécurisant que le sacro-saint CDI. Peut-être, l'actuelle présidence à grands coups "d'entrepreneurs levez-vous, construisez votre avenir !" a-t-elle créé des motivations anglo-saxonnes chez une partie des français qui se disent épuisés ou burn-out-és dans leur métier actuel (il est vrai de plus en plus stressant et exigeant en terme de quantitatif de travail...)
Nous séparerons ici l'agent commercial (qui au sein d'une agence immobilière physique bénéficie d'une émulation en équipe, de moyens de communication et de prospection importants, de la possibilité de signer ses compromis sous 3 ou 4 jours), du manadataire (seul chez lui, affilié à un réseau de manadataires). Leur rémunération (40% à 50% pour un agent commercial / 60% à 90% pour un mandataire) est quasiment le seul intérêt de leur statut, permettant ainsi aux entreprises de recruter un nombre très important de collaborateurs, sans avoir à assumer de charges fixes ou de management pour faire monter en compétence leur équipe (les formations vidéos en version tuto n'ont pas encore remplacé le savoir-faire transmis par un manager...).
Cette promesse de rémunération est ainsi très controversée, puisque vendre 8 biens dans l’année ne permet pas d’en vivre correctement (Mandataire : 6 ventes x 7 000 € HT x 70% = 29 400 € restant à déduire les frais, charges salariales, mutuelle, RCP …). Seuls donc les négociateurs chevronnés et autonomes commercialement s’en sortent bien. Pour la majorité des autres, la situation semble bien précaire …
D’autres contraintes sont directement liées à ces statuts (formation ? motivation ? travail en équipe ? …), sans parler du fait que les mandataires, non possesseurs de la carte d’Agent Immobilier, doivent passer par l’intermédiaire d’un notaire pour signer le compromis de vente, et ainsi rajouter 15 jours de délai (permettant ainsi à l’acquéreur de changer d’avis et d’annuler son offre d’achat…). Pour autant, certains candidats sont séduits par ce statut qui leur permet d'être indépendants, sans lien hiérarchique et de travailler quand ils le souhaitent.
L’Ubérisation de l’immobilier est donc en marche. Le comble étant qu’en voyant se multiplier ce type de contrats, les agences immobilières sont de plus en plus rétives à proposer des contrats de négociateurs salariés en CDI, partant du principe que la concurrence est « déloyale », devant faire face à des honoraires toujours plus bas.
Finalement qui de l'oeuf ou de la poule ? Qui des réseaux de manadatires / Agences immobilières ou des négociateurs est à l'origine de ce système ? Est-ce une régression sociale ou une réponse adaptée aux aspirations de la génération Z ? La décennie à venir répondra à cette question ...